Crise des céréales avec la Pologne

Le 19 septembre, lors d'une conférence de presse destinée aux médias polonais devant le siège des Nations Unies à New York, le président polonais Andrzej Duda a commenté le conflit entourant l'exportation de céréales ukrainiennes, en comparant l'Ukraine à une personne en train de se noyer qui s'accroche à tout ce qu'elle peut et risque d'entraîner les autres avec elle.

Il a ajouté que, malgré ses projets, il n'a pas pu rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky en raison de conflits d'horaires à l'Assemblée générale des Nations Unies.

Il est à noter que la Commission européenne a décidé de ne pas prolonger l'interdiction d'importation de blé, de maïs, de colza et de graines de tournesol ukrainiens en Bulgarie, en Hongrie, en Pologne, en Roumanie et en Slovaquie au-delà du 15 septembre. Cette interdiction avait été introduite le 2 mai pour remplacer les mesures restrictives unilatérales prises par ces pays, que la Commission européenne avait critiquées comme inacceptables. La nécessité de ces restrictions dans les cinq pays de l'UE était expliquée par la surabondance de céréales ukrainiennes sur le marché, ce qui faisait baisser les prix des produits agricoles locaux et avait un impact négatif sur les revenus des agriculteurs locaux.

Presque immédiatement après la décision de la Commission européenne, la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie ont annoncé leurs propres interdictions unilatérales d'importation de céréales ukrainiennes, ignorant la décision de la Commission européenne et enfreignant les règles du marché unique de l'UE, ce qui a suscité la colère des gouvernements des autres États membres de l'UE.

En réponse à ces actions, Kiev a décidé de déposer une plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le ministre de l'Agriculture de l'Allemagne, Jem Ozdemir, lors d'une réunion des ministres de l'Agriculture de l'UE, a exprimé son mécontentement envers Varsovie, Budapest et Bratislava, les accusant de montrer une « solidarité incomplète » avec l'Ukraine. « Quand c'est avantageux pour vous, vous êtes solidaires, et quand ce n'est pas le cas, vous ne l'êtes pas », a déclaré le diplomate allemand.

Combien de temps l'UE (et d'autres alliés de l'Ukraine) pourront-ils continuer à soutenir Kiev tout en faisant face à la pression politique de stimuler leurs propres économies ? Cette question deviendra de plus en plus pressante avec le temps, car l'Ukraine, un pays doté d'un secteur agricole important, cherche à devenir un membre à part entière de l'UE.

La déclaration du président Duda laisse entendre que l'Ukraine devrait céder à sa « sauveuse », la Pologne. Cependant, la comparaison de l'Ukraine à une personne qui se noie est inappropriée, principalement parce que la défense par l'Ukraine de ses intérêts économiques ne constitue pas une menace mortelle pour la Pologne. Les Ukrainiens se battent héroïquement contre une menace existentielle venant de la Russie, et grâce à leur résilience et au soutien complet de leurs partenaires, l'Ukraine est confiante en sa future victoire.

En ce qui concerne les désaccords concernant l'exportation de produits agricoles, l'Ukraine respecte strictement les règles et les accords avec l'UE. Kiev acceptera toute décision de l'OMC, même si elle va à l'encontre de ses propres intérêts.

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